Hongrie

Budapest


Nationalisme et Art Nouveau

Au tournant du siècle, un groupe de créateurs d'avant-garde, inspirés par l'Art Nouveau européen réagit contre l'écléctisme en vogue à l'époque. Les membres de cette «Sécession» (terme commun à Vienne et Prague) s'inspirant des traditions rurales magyares et asiatiques, cherchèrent à fonder un style national hongrois. L'architecture hongroise de la Sécession ne se démarque pas des constructions de l'époque uniquement par son style décoratif mais aussi par l'utilisation de techniques modernes (béton armé, structures en acier, verre) qui lui permirent la création de vastes espaces lumineux.

Abrégé historique

Le compromis de 1867 instaura dans l'Empire Austro Hongrois un régime dualiste. Cette double monarchie ainsi constituée souleva de nombreuses critiques mais reçut également de nombreux soutiens : la dynastie des Habsbourg, l'armée commune aux deux Etats, l'aristocratie féodale, l'Eglise catholique ... mais également les grandes familles de négociants et d'industriels qui profitèrent des années de calme à partir de 1875.

Pendant cette période on assista à une transformation impressionnante de la société hongroise. La tâche de créer des institutions politiques , une administration et un Etat incomba à l'aristocratie et à l'intelligentsia ; les détenteurs du capital financier, animés par un sentiment national , oeuvrèrent au développement économique. Les deux tâches furent accomplies avec succès: on s'enrichit, les capitaux affluèrent, le niveau de vie de la paysannerie augmenta spectaculairement, l'art national s'épanouit.

C'est entre 1890 et 1919 qu'apparut sur la scène une grande génération de collectionneurs hongrois constitués pour une large part par des magnats aux immenses fortunes. Ces derniers avaient acquis de grands mérites dans l'édification du pays dont Andrássy qui acquierit des oeuvres d'artistes hongrois contemporains et de certains novateurs de la peinture française comme Courbet, Rousseau, Monet ...

Les intellectuels, à cette période précise, essayaient de renforcer l'identité nationale par une langue et une littérature communes. Par conséquence, toutes les formes artistiques d'expression ne servaient qu'à faire mousser l'autonomie. On ressuscitait les traditions populaires les plus anciennes afin de faire oublier que l'on était profondément marqué par l'Autriche. L'Art nouveau surgissant parallèlement à ce développement ainsi servait de façon remarquable aux buts politiques des états ou des villes qui voulaient se libérer de la suprématie de leurs capitales. L'architecture paraissait d'être un moyen privilégié de l'émancipation. Quand Prague et Budapest commencèrent à réformer l'urbanisation et à devenir des métropoles modernes, les architectes modernes tombèrent à pic.

En effet la situation politique originale de l'Europe Centrale offrit aux architectes de l'Art Nouveau l'opportunité de construire des monuments publics. Ce fut le cas de Ödön Lechner au Musée des Arts Décoratifs à Budapest. Les occasions de ce type furent beaucoup plus rares dans les pays puissants où la commande officielle restait aux mains des milieux académiques, comme en France.


Toutes les photos de Budapest © KuKS Hannover.


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