Symphonie No. 4 en sol majeur (1901)

Première audition le 25 novembre 1901 à Munich sous la direction de Gustav Mahler

  1. Bedächtig. Nicht eilen
  2. In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast
  3. Ruhevoll
  4. Sehr behaglich

En amateur de la musique de Gustav Mahler, je suis libre à ne pas juger et classifier ses symphonies selon des critères musicologues mais uniquement selon des aspects émotionnels. Après la belle Première Symphonie et les deux œuvres monumentales de la Seconde et la Troisième Symphonie dont le point culminant est formé par le dernier mouvement de la Troisième, j'ai l'impression que Mahler avait d'abord atteint une sorte de point final. Avec la composition de la Quatrième Symphonie, il recommence de façon plus petite, plus modeste qu'avant. Pendant deux années il n'avait d'ailleurs plus composé après avoir obtenu le poste désiré depuis si longtemps de directeur de l'Opéra de Vienne (Wiener Staatsoper), et c'était en été 1899 seulement qu'il commença le travail à la Quatrième Symphonie. Comme il était bien occupé par ses devoirs à Vienne et des tournées avec l'Orchestre Philharmonique, il ne terminait la composition qu'en été de l'année 1900 et l'instrumentation au début de l'année 1901.

Il m'est d'ailleurs difficile aussi de considérer la Quatrième comme un nouveau départ précédant les intensifications et les sommets suivants; plutôt elle me paraît d'être un interlude enjoué et plaisant entre deux cycles grandioses: «La grande tension ayant dominé Mahler a cédé; […] Non seulement les choses d'ici-bas, mais aussi les pensées et les visions visant à la métaphysique ont perdu de leur sérieux, de leur importance, de leur pathos. Des sensualités ou des spiritualités, quoi qu'il en soit, le compositeur se consacre à elles avec de la joie insouciante, avec de la disposition joyeuse.» (Heinrich Kralik) - Depuis que je connais la version de Willem Mengelberg avec le Concertgebouw Orchestra de l'année 1939, je suis beaucoup plus impressioné par cette symphonie!

Quant à la forme, la Quatrième, avec les quatre mouvements classiques, est aussi plutôt traditionnelle, mis à part le fait des tonalités parfois inhabituelles et du solo de soprano dans le dernier mouvement.
Le premier mouvement est une sorte de rondo en forme sonate et en sol majeur. Un scherzo en ut mineur forme le deuxième mouvement et se termine en ut majeur. Les deux mouvements sont marqués par l'emploi distinct des instruments à vent en bois contrebalançant de façon intense les instruments à cordes. Dans tous les groupes d'instruments dominent les solos, des phrases de l'orchestre entier sont rares. Le scherzo fait un peu penser au troisième mouvement de la Deuxième, mais il n'est pas aussi moqueur et ironique, plutôt grotesque et burlesque, accentué surtout par le violon en soliste perçant mais toujours interrompu par la sombre beauté mystérieuse des solos des clarinettes.
Le troisième mouvement est un mouvement lent en sol majeur, et dans sa façon douce de rêverie il fait penser au final de la Troisième Symphonie sans jamais atteindre la force d'expression et la profondeur de celui-ci. Une fois de plus se montre le caractère plus léger, le caractère de musique de chambre de la Quatrième Symphonie.
Le quatrième mouvement, le final avec un solo de soprano, est aussi en sol majeur mais se termine en mi majeur. En éveillant l'auditeur sans douceur des rêves du troisième mouvement, Mahler retourne au burlesque et la symphonie se termine dans le genre du chant populaire qui est souvent typique pour le compositeur.

Correspondant au caractère et au volume de la Quatrième Symphonie, contrairement aux préférences habituelles de Mahler, l'instrumentation de l'orchestre est réduite de façon considérable, surtout les instruments à vent sont très limités, des trombones et des tubas n'existent pas du tout.
Apparemment, l'auditeur trouve un accès rapide à la Quatrième Symphonie, mais sa forme gracile et sa beauté austère s'ouvrent seulement après l'avoir écoutée plus souvent et attentivement.