La Belle Epoque en Europe
Italie/Russie: De courtes apogées
Italie

Le premier long métrage italien ne fut produit qu'en 1905 mis en scène par Filoteo Alberini portant le titre de La presa di Roma (La prise de Rome) et nous faisait participer à l'arrivée de Vittorio Emmanuele II à Rome. Jusqu'ici et plus tard encore, l'Italie était dominée par le cinéma français; même si à partir de 1905, on produisait des films italiens, ils restaient influencés par des cinéastes français débauchés et copiaient le style français.
Puis les producteurs italiens de cinéma - comme souvent pendant les décennies à venir! - avaient l'idée de tourner des films monumentaux historiques. En 1908, Luigi Maggi réussit à obtenir de la gloire internationale avec Gli ultimi giorni di Pompei (Les Derniers Jours de Pompéi); en 1909, Mario Caserini suivit avec Il Cid (Le Cid), en 1910 Giovanni Pastrone avec La caduta di Troia (La chute de Troie), et en 1912 finalement, Enrico Guazzoni tourna en premier le film Quo vadis. Pastrone avait le succès le plus grand en tournant, sous le pseudonyme de Piero Fosco, le film Cabiria (1914) qui d'un côté rapportait beaucoup d'argent et de l'autre côté était le film le plus important du genre sur le plan artistique.
Cependant, en même temps, il se développait le style tout à fait contraire d'un réalisme de la vie quotidienne, une sorte de précurseur du fameux néoréalisme des années cinquante. Le sujet de ces films était la vie du présent dans les quartiers pouilleux des grandes villes, souvent tourné sur place, surtout à Naples. Entre autres, il y avait Sperduti nel buio (Perdu dans l'ombre, 1914) de Nino Martoglio, un auteur de pièces de théâtre populaires, et Assunta spina (1915) de Gustavo Serena. Le film italien d'alors joignait le théâtre populaire traditionnelle avec un réalisme impitoyable étant ainsi à l'origine de sa propre tradition cinéaste du «grand opéra» sur «la vie des petites gens».
En ce temps-là déjà, on commençait à vénérer dans le cinéma italien les vedettes de préférence féminines. Des fameuses actrices de l'époque étaient Lydia Borelli (Ma l'amore mio non muore - Mais mon amour ne meurt pas, Mario Caserini, 1913) et Francesca Bertini (Historia di un pierrot - Histoire d'un pierrot, Baldassare Negroni, 1913). Même Eleonora Duse jouait un rôle dans le film Cenere (Cendres, 1916) de Febo Mari et Arturo Ambrosio. Pendant la Première guerre mondiale se terminait cette courte apogée du film italien.
Russie

En 1896 déjà, le cinématographe avait été une attraction lors du couronnement de Nicolas II, et pourtant, la Russie produisait ses propres films encore plus tard que l'Italie. C'était Alexander Drankov qui, en 1908, tournait le premier long métrage: Stenka Rasin. A la suite du succès de ce film, il y avait un flot de films historiques et folkloriques faisant penser au film monumental italien mais qui étaient sans importance sur le plan artistique. Par la guerre seulement, coupant la concurrence étrangere, le cinéma russe gagnait son indépendance de façon que quelques metteurs en scène, Vladimir Gardin, Jakov Protazanov et Jevgenyi Bauer réussissent à s'imposer. A l'étranger, on remarquait avec intérêt les films de Protazanov, Pique Dame (1917) et Satana likujuschtschi (Satan triomphant, 1917). La révolution d'octobre paraissait mettre un terme à ce court développement parce que beaucoup de cinéastes émigraient surtout à Paris et Berlin, mais les communistes avaient conscience de l'importance du cinéma et promouvaient la reconstruction de l'industrie cinéaste. Ainsi, des films excellents maintenant soviétiques n'ont pas été tournés avant les années vingt.