La Belle Epoque en Europe
Angleterre/Etats-Unis: Premières expériences
Angleterre
En janvier 1889, au Hyde Park, William Friese-Greene (1855-1921) tournait un film d'une longueur d'environ 100 m avec un appareil construit par lui-même. Dans la même année, il reçut le brevet de son invention. Mais au lieu d'en profiter sur le plan commercial, il commençait à expérimenter avec le son et la couleur dans les films. Ainsi il manquait le développement futur de la technique et ne pouvait pas entrer dans l'histoire comme fondateur du cinéma anglais.
Cela était plutôt le mérite de Robert W. Paul (1869-1943) qui - tout comme Messter en Allemagne - produisait des projecteurs, et analogiquement à Messter il tournait des films pour que sa clientèle eût du matériau de présentation. En 1896 par exemple il produisait les films Rough Seas at Dover (La mer sauvage à Douvres) und The Soldier's Courtship (Amour de soldat). En 1910 il quittait le travail aux films afin de construire des appareils optiques.
James Williamson (1855-1933) et George Albert Smith (1864-1959) d'origine étaient des photographes à Brighton. En raison de leur profession ancienne, ils préféraient de tourner des films en plein air devant des coulisses naturelles. Ainsi ils pouvaient facilement changer de scène ce qui donnait à leurs films une vivacité par laquelle ils influençaient les techniques des metteurs en scène à l'étranger. Dans son film Attack on a China Mission (Attaque d'une mission en Chine, 1900), Williamson utilisait déjà ces techniques de dramaturgie cinématographique. Smith, par contre, expérimentait avec des études des expressions de visages humains en gros plan, «facial expressions», en combinaison plus tard avec d'autres prises de vue. Dans le film As Seen Through a Telescope (Comme vu par un téléscope, 1900), par exemple, un débauché observe un couple avec un téléscope. Smith montre le gros plan d'une chaussure de femme dont quelqu'un lie les lacets; dans la scène suivante, on voit l'amant rosser le voyeur. Ces changements de la mise au point devenaient un moyen de style naturel du mode narratif de Smith.
Williamson et Smith, eux aussi, se sont tôt, en 1903, retirés du film. Il n'y avait personne pour suivre et continuer leurs idéees, et à part quelques peu succès commerciaux avec des productions comiques, le cinéma anglais était peu signifiant jusqu'à la fin des années vingt.
Etats-Unis
En 1891, Thomas Alva Edison (1847-1931) produisait dans son atelier les premiers films et en 1895 la première présentation publique eut lieu à New York. Mais au début du nouveau siècle déjà, le centre de la production se transférait de l'est à Hollywood.
Au contraire du film européen, on ne commençait pas avec de la magie et des contes de fées, mais on entrait tout de suite dans des scènes réalistes. Une des premiers films était The Life of an American Fireman (La vie d'un pompier américain, 1902) de Edwin S. Porter (1870-1941), un film de cinq minutes environ qui montre les pompiers arriver à une incendie et sauver les habitants de la maison. L'année suivante, Porter tournait le film The Great Train Robbery (La grande attaque d'un train, 1903) en inventant ainsi le genre le plus typique ayant le plus grand succès du cinéma américain: le Western.
C'était Thomas Harper Ince (1881-1924) qui continuait ces idées thématiques et à partir de 1911, dans un court délai de temps, tournait environ cent films; à part les Westerns, il devenait surtout célèbre avec des drames de la guerre civile américaine comme Custer's Last Fight (La dernière bataille de Custer, 1912) et The Battle of Gettysburg (La bataille de Gettysburg, 1914).

Mais une influence importante sur le développement de l'art cinématographique avait un homme qui en 1908 faisait ses premiers pas dans la mise en scène et qui aujourd'hui passe pour le premier vrai artiste du cinéma: David Wark Griffith (1875-1948). Il tournait quelques cents films tous ensemble, mais sa gloire universelle est due à un seul film, l'épopée grandiose de la guerre civile The Birth of a Nation (La naissance d'une nation, 1914/15). Son film encore plus ambitieux, Intolerance (Intolérance, 1916) qu'il avait produit lui-même et qui aujourd'hui passe pour son deuxième chef-d'oeuvre, avait peu de succès à l'époque et ne lui laissait que des dettes.
Mais tout comme en Angleterre, cette époque était dominée en premier lieu par des comédies burlesques dont le maître était Mack Sennett (1880-1960), qui, en 1913, découvrit Charles Spencer Chaplin (1889-1977), et qui avait produit plus de 1.000 films. Cependant, les comédies vraiment grandes des génies Chaplin, Keaton, Lloyd, Laurel et Hardy etc. ont été tournées seulement après la première guerre mondiale.